« Bonjour maman !
Eh! oh! je suis là,
Tu sais, tu ne te trompes pas!
Je te connaîtrai bientôt, maman,
Mais vois-tu, pour l'instant,
Je me blottis au fond de toi ;
Je désire que tu ne penses qu'à moi. »
Qu'il est bon de se sentir habitée
Par un doux, un tendre bébé.
Le voilà tranquillement lové ;
Il ne demande qu'à être dorlotté.
Au début, seule la tête sait
Que le ventre est occupé.
On n'y croit pas, on ne sent rien.
On se dit : on verra demain.
Demain, rien ne se passe
Et pourtant, on devient lasse.
Puis, un jour, on ne sait comment,
Car les choses arrivent simplement,
On se sent parcourue
Par un tout petit ru.
Lentement, comme à tâtons
Monte un tout petit frisson :
Oui, mon bébé, je te sens, tu es là !
Mon ventre le savait déjà.
Mon coeur tout en émoi,
Se laisse envahir par une grande joie :
Tu as bougé !
Tu es bien une réalité.
Maintenant tu vas prendre toute la place
Et moi, de guerre lasse,
Je te cède tout le terrain.
Tu as mon ventre bien en main !
Mais, je te le concède
Car, bientôt, je serai mère.
Je vais te câliner, te dorloter
Et, à travers mon ventre, te caresser.
Gare à tes coups de pieds !
Arrête de bouger !
Tu vas me transpercer !
Impossible de t'arrêter.
Tu n'en fais qu'à ta tête ;
Je sens que ça va être ma fête !
Le dos martyrisé,
Les jambes gonflées,
Le corps entièrement basculé,
Le ventre lourd à porter,
La démarche désynchronisée,
Tout sera oublié
Dès que ton premier cri sera poussé
Et que je pourrai enfin te parler,
Te humer, te tâter, te regarder,
Avec au fond des yeux
Cet éclat particulièrement heureux
Que seul, un amour partagé,
Peut, un jour, engendrer.